Loin de moi l'idée de ressembler à l'épique épopée de la 7e compagnie, mais je crois qu'après une longue fermeture de la boutique, il est important d'apporter quelques éclaircissements sur les raisons qui nous ont conduit à stopper momentanément notre activité.
Avoir des origines dans le monde viticole du Porto, c'est très bien et beaucoup des boutiques en ligne francophones en font l'apologie... et alors, serais-je tenté dire ? Est-ce que le fait d'avoir eu un grand-père pâtissier, aussi doué fût-il, fait de nous des pâtissiers en herbe en nous conférant les mêmes qualités et compétences au point qu'on puisse en parler longuement et avec savoir ? Assurément, non !
Ma famille, tant paternelle que maternelle, est liée au Douro depuis (au moins, car mes recherches généalogiques se sont arrêtées) le début des années 1700, où tous mes ancêtres, à l'exception de mon père (qui a mal tourné puisqu'il est devenu mécanicien), ont été vignerons. Ces origines ne m'ont conféré aucune aptitude particulière, en réalité, et très peu de connaissances sur l'aspect viticole ou oenologique qui touchent au Porto.
Je dois dire que mes origines ont suscité l'intérêt et sûrement la passion pour ce breuvage ancré au creux de mes racines, mais elles n'ont octroyées que très peu de connaissance sur le sujet viticole et oenologique. C'est pour cette raison que j'ai entrepris, dès 2008, d'approfondir mes connaissances de manière autodidacte mais également au contact des propriétaires des "quintas" que je distribue aujourd'hui dans ma boutique, afin d'acquérir les connaissances sur les pratiques viticoles, mais également oenologiques de la région du Douro. Ces journées pédagogiques ont toujours été ponctuées de nombreuses dégustations afin de "former le palais".
Mais, serais-je tenté de dire, ce n'était pas suffisant ! Je souhaitais acquérir des bases solides en oenologie et c'est pour cette raison que je me suis inscrit au CFFPA d'Avize (Marne) afin d'y suivre la formation du B.T.S.A. V.& O. (Brevet de Technicien Supérieur en Viticulture & Oenologie) au cours de l'année scolaire 2014/2015, et que j'ai finalement obtenu à la session de juillet 2015. Combien de vendeur de Porto ont un BTSA V.O. ?
Le BTSA en poche, j'ai pris la direction du Languedoc-Roussillon où j'y ai effectué mes 3e vendanges. Réception de la vendange, encuvage, décuvage, pressurage... et beaucoup de nettoyage. Pendant ce temps, la boutique était fermée, bien évidemment.
Il y a très peu de vendeurs de Porto en ligne qui ont poussé leur passion jusqu'à cette extrême., il est plus simple de dire : "mon grand-père faisait du Porto...". Pourtant, je peux vous assurer qu'on dort très bien après 2 semaines de décuvage et avoir pelleté plusieurs tonnes de raisins. Bon Dieux, que le Cabernet est dur à décuver à en tordre la pelle métallique ! Ce n'est pas vraiment une cure de vinéothérapie, mais j'y ai laissé quelques kilos et pris, en contrepartie, beaucoup de plaisir !
Le décuvage, ça ressemble à ça :
Cette photo n'est pas contractuelle, car je n'emmène pas mon mobile dans les cuves, surtout si, par malchance, je tombe les fesses en arrière après avoir glissé de l'échelle en descendant dans la cuve. Il arrive également que la cuve soit mal "coulée" (vidée du vin) et dans ces circonstances, je me suis retrouvé avec 2 litres de vin dans chaque bottes... Le vin est chaud, je n'ai pas eu froid aux pieds... :P
Les vendanges les plus fastidieuses que j'ai effectué restent celles faites dans le Champagne. Vendanges entièrement manuelles, AOC Champagne oblige, avec beaucoup de manipulation de caisses, sous un soleil caniculaire et des coteaux qui essoufflent vite jeunes et moins jeunes. Là aussi, je peux vous assurer que le soir venu personne ne songe à lézarder devant la télévision...
La période de soutirage s'est achevée vers la fin novembre, après une grosse mise à jour, j'ai ouvert à nouveau la boutique vers le 15 décembre 2015.
Et si certains se demandent à quoi peuvent ressembler des mains de vignerons pendant les vendanges et bien, ça ressemble à ça ! Deux méthodes pour se nettoyer les mains : l'eau de Javel ou bien le jus de citron (grâce à l'action de l'acide citrique)
Combien de mes concurrents ont poussé leur passion jusqu'à transpirer comme je l'ai fait, sur les bancs de l'école à la quarantaine venue et dans les cuves en béton pour le décuvage ? Les origines, c'est bien, mais la connaissance du métier par l'apprentissage c'est beaucoup mieux.
J'avoue que ce blog / boutique ne me contente pas complètement. Même si j'y trouve beaucoup de plaisir à parler de l'actualité du Porto et de ma région natale, le Douro, j'ai toujours caressé le doux espoir de pouvoir un jour élaborer mes propres vins. Malheureusement, les méandres de l'existence nous chassent irrémédiablement, en dépit de notre volonté acharnée, des sentiers que nous souhaiterions empruntés vers des sentiers qui n'ont pas du tout la même saveur...
En tout état de cause, 2016 sera une année de transition !